” Nous sommes devenus rapidement de très bons amis. Vous savez qu’il avait un caractère franc, loyal, gai, et c’était un ami sans aucune jalousie, sans aucune envie. Il se réjouissait du succès de ses camarades.
C’était un travailleur infatigable, qui peut être donné en exemple ; il était un bourreau de travail ! C’était un garçon qui se levait de bonne heure, qui travaillait pour la Classe, qui arrivait au Conservatoire avec une fugue hebdomadaire, – j’insiste là-dessus pour vous montrer sa puissance de travail – indépendamment des compositions qu’il apportait, et le soir, il travaillait à l’Etablissement Lutetia. Il jouait pour les consommateurs deux fois par semaine car il avait besoin d’argent ; il restait jusqu’à 3h. du matin pour faire danser les gens. C’est vous dire qu’il a eu une jeunesse très dure. Il habitait une chambre, dont je me rappelle parfaitement, à Montmartre, rue Lavieuville, où j’allais le voir. Il venait chez moi, j’avais la chance de vivre chez mes parents. Vous savez que lui, ses parents habitaient Marseille, et qu’il était d’une condition très modeste. Son père était facteur des Postes, ce qui ne l’a pas empêché d’harmoniser des chants corses : j’ai chez moi un recueil de ” Chansons populaires corses ” harmonisées par Xavier TOMASI, le père d’Henri dont la famille était originaire de Corse, que j’ai vu souvent à Paris d’ailleurs. “
” HENRI TOMASI par lui-même “
Emission d’Edouard Exerjean et Robert Ytier
France-Musique, 29 mars 1972