– Henri Tomasi, nous ne vous avons pas si souvent à Marseille et nous le regrettons vous le savez. Pour une fois que vous êtes des nôtres, nous allons pouvoir bavarder ensemble. Peut-être d’abord faut-il évoquer votre enfance, marseillaise et même mazarguaise…
“Je viens d’aller à Mazargues pour revoir tous les endroits où je m’amusais étant gosse. La grande rue est restée la même, jusqu’à l’Eglise, là où j’ai fait ma Première Communion. J’y jouais de l’harmonium à la Noël, j’avais 12 ans, il y avait un brave curé. Ce sont des souvenirs poétiques : les fastes religieux de l’époque… cette “féerie catholique” m’a laissé une empreinte…“
– Votre vocation musicale a donc été précoce ?
“C’est-à-dire qu’on m’a forcé à être précoce !..“
– Ah ! bon, vous n’aimiez pas la musique ?!..
“Etant gosse, quand il fallait que j’aille prendre des leçons chez un vieux professeur – il jouait du trombone – je préférais passer par un chemin pour arriver à la mer, à Bonneveine, et nager !“
Faisiez-vous des progrès ?
En natation ?.. Ah ! en musique !…Oui, parce que mon père était derrière moi… Il était très amateur de musique et jouait de la flûte. Comme lui avait probablement raté sa carrière musicale, il avait reporté son envie sur moi. Mais je n’étais pas enthousiaste, car les études de piano, de solfège, m’embêtaient prodigieusement ! Et cela a duré au moins jusqu’à l’âge de 13 ans. Je me souviens très bien que lorsqu’il m’emmenait aux ” Concerts Classiques ” – à l’époque à la Salle Prat – eh !bien c’était une corvée ! Toute cette musique classique m’ennuyait, que ce soit Bach, Beethoven !… C’est très curieux : j’ai commencé à aimer la musique par les modernes et non pas les Classiques…