Les qualités fondamentales de la musique française sont-elles en voie de disparition ?
Pourquoi le seraient-elles ! Je sais bien que notre époque absurde meurt d’analyse et de cérébralité, mais il y aura toujours des “êtres libres”, indifférents aux modes tapageuses et aux surenchères stupides de quelques snobs et d’une certaine presse.
Ces constantes de la musique française : clarté, logique, pondération, élégance, sont-elles menacées ?
Là, je ne suis pas entièrement d’accord, et le chauvinisme de quelques uns de mes confrères m’agace. Pourquoi la logique, la clarté, l’équilibre, seraient-ils spécifiquement français ?! Il y a des logiques – latine, nordique, asiatique, etc – qui ne sont pas les nôtres ; souvent elles nous échappent, voilà tout. Faut-il en conclure que nous détenons la vérité ? Les discussions sur les systèmes dodécaphoniques ou sériels me laissent complètement indifférent. L’absurdité y règne en maître, et je ne vois que de l’infantilisme dans ce “divertissement de vieux cadavres” pour ratés et impuissants. Seules quelques peuplades primitives (musicalement parlant) s’amusent à ces jeux. (…) En ce qui concerne la “musique concrète”, elle ne relève pas de la composition musicale et n’a d’intérêt que pour certains bruitages. Par contre, l’apport des instruments électroniques peut enrichir la palette orchestrale.
Y a-t-il un danger de dépersonnalisation ?
Je ne crois pas à la standardisation de la musique en France pour les raisons exposées dans la réponse n°2. Pour moi, le danger le plus grave est la “saturation” par les moyens mécaniques, le disque et la radio.
Tous ces nouveaux moyens peuvent-ils être assimilés par le génie français ?
Il est possible que le ” génie français ” décante, assimile, ou rejette ces nouveaux moyens, – à condition de faire abstraction de cette “cérébralité” qui étouffe la musique au détriment de la sensibilité et du lyrisme.