Présentation rédigée par les élèves de 4è A et 3è B avec le concours de Claude Tomasi
« Requiem pour la paix » H. Tomasi
Biographie d’Henri Tomasi
« Seule la musique peut atteindre l’inexprimable, car elle est d’essence divine. Alors que la plupart des autres arts se contentent d’interpréter, elle est capable, elle, de créer quelque chose du néant ». Henri Tomasi
Henri Tomasi (1901-1971) est un chef d’orchestre et compositeur corse de musique « savante ». C’est un des compositeurs les plus importants du XXème siècle dans la lignée de Debussy et Ravel.
Originaire de Penta di Casinca, Henri Tomasi est né à Marseille en 1901. Après de brillantes études au Conservatoire de Marseille puis de Paris, il obtient en 1927 à la fois un premier second Grand Prix de Rome et un Premier Prix de direction d’orchestre à l’unanimité.
Il entame alors une carrière de chef d’orchestre qui l’amènera à diriger les plus grands ensembles français et européens. Il compose de nombreuses œuvres aussi bien dans le domaine symphonique (et notamment pour les cuivres) que dans le domaine lyrique.
Il se marie en 1929 avec la dessinatrice et peintre Odette Camp et auront un fils Claude. Il obtiendra en 1952 le Grand Prix de la Musique française, et en 1960, le Grand Prix musical de la Ville de Paris.
Au moment de sa mort en 1971 à Paris, il venait de terminer l’arrangement pour chœur a cappella des « Chants populaires de l’île de Corse ». Depuis 2001, année du centenaire de sa naissance, ses cendres ont été ramenées au cimetière de Penta di Casinca.
Henri Tomasi refusera toute sa vie la Légion d’honneur, fidèle à sa déclaration : « Je ne l’accepterai pas tant qu’il n’y aura pas de Conservatoire en Corse ».
En 2008, la Région Corse, exauçant sa volonté, a nommé « Henri Tomasi » le Conservatoire de Musique et de Danse de l’Ile de Beauté.
Et depuis 2011, le collège de son village s’appelle désormais « Collège de la Casinca Henri Tomasi ».
En 2013, a eu lieu un colloque musicologique international « Henri Tomasi et la méditerranée » à Marseille et à Ajaccio dans le cadre de « Marseille-Provence capitale européenne de la culture ».
Henri Tomasi est un artiste inclassable. Son œuvre est considérable (plus de 100 opus). Très grand orchestrateur, n’étant asservi à aucun système, il connaissait tous les styles qu’il a su savamment mêler.
« Henri Tomasi a employé de la façon la plus adéquate et la plus généreuse tous les langages dont il avait la connaissances et la maîtrise, du grégorien au sérialisme, de la couleur ravélienne au jazz, de la chanson et de la danse traditionnelles à l’électroacoustique ». Gabriel Vialle
C’est Henri Tomasi qui reconstitua et harmonisa le « Dio vi salvi Regina » en 1933. C’est la version polyphonique la plus interprétée dans l’île. Les chants et l’âme corses irriguent ses plus belles compositions.
Analyse du « Requiem pour la paix »
« Un grand merci d’avoir fait le choix de cette œuvre qui fera connaître encore un peu plus mon père » Claude Tomasi, écrivain et fils du compositeur Henri Tomasi
Les compositions religieuses d’Henri Tomasi offrent la particularité d’avoir toutes été écrites durant la même période c’est-à-dire la seconde guerre mondiale. Il débute la composition de son requiem* au moment où la Corse se libère de l’Occupation par les forces fascistes. Son activité de chef d’orchestre à l’Orchestre National lui permet de gagner sa vie. Il a retrouvé Paris depuis peu, ayant passé les premières années de la Guerre à la fois à Marseille, y dirigeant, et au Monastère de la Sainte-Baume (situé à 50 kms de Marseille), y faisant des retraites spirituelles et y composant. A partir de 1942, il est pleinement acquis aux idées et aux actions de la Résistance à laquelle il rendra certains services dont témoignera notamment le lieutenant Camille Max-Petit. En 1945, les millions de morts et les horreurs de la Guerre apparaissant au grand jour et c’est tout naturellement qu’il dédiera son Requiem à tous ceux qui ont été victimes (« Requiem dédié à tous les Martyrs de la Résistance »). Le requiem a finalement été appelé « pour la paix » afin de l’inscrire plus clairement dans l’histoire de ce temps-là.
Il est intéressant de noter que la première audition de cette œuvre eut lieu à Paris en 1945 et que parmi les quatre chanteurs, trois étaient corses : Martha Angelici (soprano), Julien Giovanetti (basse) et Gaston Micheletti (ténor). Le Requiem pour la paix est écrit pour solistes, chœur mixte et orchestre symphonique. Il se compose de dix parties très contrastées. On y trouve entre autres des emprunts à la modalité et au jazz. On notera, comme souvent dans les œuvres d’Henri Tomasi, une prédominance des cuivres. L’orchestration est parfois veloutée ou cristalline et parfois brillante et puissante. Les cordes sont utilisées de manière délicate avec une prédominance de la harpe. Vocalement, il s’agit d’une œuvre majoritairement syllabique (volonté du compositeur de souligner la clarté du texte, c’est-à-dire l’importance de la prière). C’est une œuvre difficile par les attaques dans l’aigu et la tessiture étendue. On rencontre de nombreux changements de nuances, de longues phrases musicales, des pédales dans l’accompagnement. En 2001, Jacques Sapiega réalise un documentaire intitulé « Le Requiem perdu d’Henri Tomasi » sur l’enregistrement du Requiem pour la Paix par Michel Piquemal avec des documents d’archives sur Henri Tomasi et Odette Camp.
*mot latin désignant une messe pour les âmes des défunts. Elle peut être entendue lors du service liturgique ou en concert. Les pièces musicales sont celles de la messe (Kyrie eleison, Dies irae, Sanctus, Agnus dei, …) auxquels on peut ajouter d’autres textes.